Les conditions des élèves

L’état des lieux sur le Lycée laisse apparaître de sérieux dysfonctionnements en termes d’infrastructure et d’équipement. En plus de l’inexistence de l’électricité et du téléphone, la situation des classes de 6e et 5e qui sont dans des abris provisoires (Hangar en tôles de zinc ; photos ci jointes) est plus que déplorable, vu les conditions de chaleur, d’interférence des voix des professeurs et élèves pendant les cours et de l’absence d’un box sanitaire (9).

Dans de pareilles situations, on imagine les difficultés pour les élèves de 6e et 5e à se concentrer à leurs cours.

Salles de classes du site 2 ( des classes de 6e et 5e )

Salles de classes du site 2 ( des  classes  de  6e  et  5e ), lycée Bayakh (Sénégal) Salles de classes du site 2 ( des  classes  de  6e  et  5e ), lycée Bayakh (Sénégal)


Bureau du surveillant du site 2, un homme à tout faire

Bureau du surveillant du site 2, lycée Bayakh (Sénégal) Bureau du surveillant du site 2, lycée Bayakh (Sénégal)

Ces images sont celles du 2nd Site qui accueille trois 5e et deux 6e dans un hangar de l’époque coloniale destinée jadis à stocker des produits arachidiers et maraîchers de la zone du Diender.

Si la situation financière des parents d’élèves est plus ou moins stable, comparée à celle de leurs voisins de Pout, en revanche les charges scolaires sont très importantes du fait du nombre élevé des enfants en charge et des dépenses liées à leur transport et à leur restauration.

La journée continue est instaurée au lycée du lundi au vendredi sans qu’il y ait une cantine scolaire. Si ceux qui ont des parents qui travaillent ont des difficultés, que dire de ces 60 élèves orphelins soit de pères, soit de mères ?

Par exemple pour se déplacer, les élèves dépensent au minimum 200 F (100F aller et 100F retour) et au maximum 400F (200F aller et 200F retour). Ainsi un élève dépense entre 6000F / mois (soit 56000/an et 12000F / mois (soit 108000/an) pour venir au lycée.

Graphique : Taux de scolarisation (2008/2009)

Graphe du taux de scolarisation 2008/2009, lycée Bayakh (Sénégal)

Pour la restauration, le lycée fait la journée continue de 8H à 16H, avec des pauses de 15mn. Les statistiques ont révélé que 72% des élèves passent la journée à jeun et ne prennent le repas qu’après les cours de 16 heures, chez eux. 28% achètent du pain (au thon, à la mayonnaise, au niébé, au chocolat etc.) pour une valeur moyenne de 200F/ jour soit en moyenne 6000F par mois et par élève.
Toutes ces charges reviennent aux parents.

Si on estime en moyenne les charges (restauration et transport) par élève, on peut l’estimer entre 12000F/mois et 18000F /mois par élève en charge. Quand des parents n’arrivent pas à prendre en charge les frais de transport et de restauration de leurs enfants, il s’en suit des retards et absences répétés ou l’abandon pur et simple.
L’éducation souffre également d’autres handicaps dont le plus évident est la désintégration Ecole- milieu. 2818 enfants soit 50,32% évoluent hors des circuits éducatifs officiels comme l’école arabe ou coranique et les filières informelles.
A kayar et à Bayakh, l’enseignement arabe du préscolaire au moyen concerne 1083 élèves.

5034 « fous de la mer »à partir de Kayar, ont réussi à atteindre l’Espagne en pirogue et parmi eux, 3014 seront rapatriés. Ce sentiment est renforcé par la clémence de la nature (agriculture, pêche, élevage extraction de sel au lac rose, tourisme etc.) et la tradition mercantiliste des populations qui ne misent pas tellement sur les filières formelles de promotion éducative surtout à longue durée.
On ne peut enfin ne pas citer les grèves des professeurs qui ont émaillé l’année scolaire 2007/2008.

Tous ces facteurs endogènes et exogènes influent forcément sur les résultats scolaires qui se présentent en 2007/2008 (voir ce qui suit).

Graphique : Rapport des redoublements (2008/2009)

Rapport des redoublements 2008/2009, lycée Bayakh (Sénégal)

Un taux de redoublement de 28% dont 30% dans le premier cycle et qui affecte surtout les non résidents (81%).
Un nombre élevé d’exclusions à savoir 45 élèves soit l’équivalent d’une classe.
L’importance des abandons : au nombre de 21 soit 10 garçons et 11 filles, tous du 1er cycle.
L’essentiel des abandons provient des abris provisoires (hangar) et parmi eux 5 élèves de 6eme.

Graphique : Situation des redoublements (2008/2009)

Situation des redoublements 2008/2009, lycée Bayakh (Sénégal)

Un taux de réussite au BFEM très faible et évalué à 18,28%.
Les fuites de cerveaux à savoir les meilleurs élèves des séries scientifiques vers les lycées périphériques de Pout et de Rufisque.




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Les perspectives

Après l'état des lieux

Le diagnostic du lycée et de l’environnement socio- économique des élèves laisse apparaître des problèmes au lycée qui nécessite des solutions globales. C’est une véritable révolution des mentalités qu’il urge d’installer dans ces localités tant au niveau des parents d’élèves que des élèves. En terme d’actions,il a fallu d’abord donner une âme ,un esprit ou une conscience au lycée à savoir une dynamique de famille,de confiance ,de concertation et de mobilisation autour de certains idéaux,préalables pour atteindre l’excellence comme la paix sociale ,la motivation,la discipline et le travail .Ainsi en direction des élèves, des tournées périodiques avec Madame le censeur ont été faites dans les classes pour un réarmement moral et la signature avec eux d’un contrat d’excellence . Toutes les structures partenaires ou de concertation fonctionnent comme l’association des parents d’élèves, le foyer socio-éducatif, les clubs, le comité de gestion, les cellules pédagogiques….Il s’agira également de faciliter la jonction entre le foyer socio- éducatif du lycée et le mouvement des étudiants et les rares cadres de la localité pour faire comprendre aux élèves et à leurs parents les enjeux de l’école en tant que facteur de promotion et de développement individuel et collectif.. Un accent particulier (sous forme de politique incitative) doit être mis sur les élèves, notamment les filles pour les encourager à prolonger leurs études dans le second cycle et à stimuler une vocation scientifique en elles. En direction du corps professoral et de surveillance, il sera également question de créer un esprit de corps avec l’administration autour d’un consensus de paix sociale, de solidarité et de travail.

Sur la question des finances, les rôles sur sa gestion sont bien précisés avec un proviseur comme ordonnateur des crédits. A cet effet, un compte est ouvert à la mutuelle avec un co- signature avec le gestionnaire pour les retraits.

Sur la question de l’amélioration des conditions d’études au lycée, les sur priorités suivantes sont à cibler comme l’électricité, le téléphone, la réunification de la famille éducative avec la construction de 05 classes dans le nouveau site du lycée pour mettre un terme aux abris provisoires et l’ouverture d’une cantine scolaire. Au delà des considérations pédagogiques, l’ouverture de la cantine scolaire obéit à des considérations de solidarité, de dignité humaine et de donner une égalité de chance de réussite à tous. Un enfant au ventre creux ne peut être réceptif aux enseignements à plus forte raison d’être inspiré.

Le problème de transport est également un défi à relever. L’idéal serait l’acquisition d’un car de ramassage des élèves à des heures et des endroits précis. Ce projet hors des moyens du lycée pour sa finalisation, devrait être réglé dans le cadre d’un partenariat Sud – Nord. Enfin, la salle informatique et la connection à Internet, une bibliothèque équipée permettront de développer le goût de la lecture et de la recherche chez les élèves.
Le lycée a bénéficié de la coopération indienne ou « Team 9 » de 20 ordinateurs mais n’à ni salle ni des tables d’ordinateurs pour assurer l’initiation des élèves et du corps professoral et administratif. Quant à l’électricité des promesses fermes sont tenues par le président du conseil régional pour sa finalisation en fin janvier 2000.

De même, le lycée a besoin d’un laboratoire ou d’une salle spécialisée, une infirmerie, un plateau sportif, des mobiliers en quantité suffisante. Ce sont autant de projets à soumette à des comités de pilotage et au finish au conseil régional et aux partenaires nationaux et internationaux.

Ensemble avec les amis de l’école, le défi de l’excellence passant par une révolution des consciences, l’amélioration rapide des conditions d’étude et de travail des différents acteurs de l’école et le relèvement sensible des résultats scolaires au lycée est bien possible.